Comme la fille aux allures masculines, le cas des garçons à l’apparence féminine est aussi délicat. Obnubilé par les préjugés, l’entourage se montre parfois intolérant à leur égard.
Je suis à Kamenge pour une visite amicale. Le soleil d’après-midi cogne fort. Sous un manguier près d’une avenue pavée, le Ludo occupe notre ligala dans une ambiance bon enfant. Nous discutons de tout et de rien. Nous nous distrayons sur tout ce qui passe, histoire de tuer le temps.
Une personne passe. Elle adresse ses salutations à un des mecs du groupe. Avec son visage aux traits fins, son cou gracile, sa démarche, ses gestes, difficile de croire que nous avons devant nous un garçon. Mais cette conclusion est trahie par certaines caractéristiques dont sa voix grave. Et d’ailleurs, il répond à un prénom masculin : Danny. C’est un garçon à « l’apparence féminine ».
De fausses idées …
L’instant d’après, des commentaires fusent sur la personne. Des propos simplistes suintant le mépris et dégoulinant d’intolérance. Les premiers l’étiquettent à tort d’homosexuel. « Ehe wa mu pédé…», lance l’un sans détour. « Comment peux-tu nouer une amitié avec ce gay ? Hmm… toi aussi tu me files des doutes ! » grogne l’autre.
Les commentaires les plus tordus vont jusqu’à affirmer que la personne a deux sexes, qu’il ne peut pas avoir d’érection, qu’il est stérile, qu’il a des troubles mentaux, … Toute une liste de ce qui atteste de son anormalité.
Avec toutes ces idées, force est de remarquer que les garçons androgynes ont pas mal d’étiquettes dans notre société. Une société où les stéréotypes sur le genre forment deux pôles opposés, avec le complexe de supériorité du côté masculin.
… à déconstruire
Le comportement et le look androgynes défient les attentes de la société sur ce que doit être une femme et ce que doit être un homme. Ainsi, ils se confrontent aux préjugés dénotant une intolérance. Il en découle une discrimination pouvant engendrer un défaut d’épanouissement relationnel d’un homme androgyne.
« Depuis mon adolescence, le côté féminin se faisait déjà remarquer en moi. À l’école secondaire j’en ai reçu le surnom de Rose (rires). Et dans mon cercle amical, les filles prédominaient. Mais j’ai toujours été conscient que je suis un homme normal. J’assume ma physionomie même si parfois l’entourage me voit comme un mystère », confie Axel, un étudiant de 23 ans.
Chaque être humain est une créature unique et différente. Le comportement ou look androgyne font partie des différences que l’on doit accepter pour mieux vivre ensemble. Les hommes androgynes restent des êtres humains avec des envies et des orientations sexuelles plurielles comme tout le monde.
Comme l’affirme Agnès Favre dans l’Envol de Sarah, « Un des plus grands défis de l’existence est d’accepter les gens tels qu’ils sont réellement ». Nous devons vivre ce challenge partout, en tout et avec tout homme.
NB: Ce courriel a initialement été publié sur le site web Yaga Burundi.