Etre une femme, dans la société Burundaise, est avant tout, une question de grandes responsabilités. Dès le jeune âge, le refrain se répète à longueur de journées, nous avons un rôle à jouer. De nombreux indicateurs dans nos cultures locales, le rôle se veut être de grande valeur, s’il s’agit d’être l’épouse parfaite de quelqu’un, pilier de la famille. Le mariage est le but ultime et selon, notre société, chaque fille devrait aspirer à cela.
Dans ce jeu de rôle, dans lequel nous sommes très bien entraînées depuis toute petite, le jugement est rude. Il faut toujours faire mieux. Si ce n’est pour plaire à sa famille ou à son entourage, c’est pour le potentiel des prétendants. Au péril de notre santé physique et mentale, la fille et la femme Burundaise reste vue sous des normes liées à l’approbation du genre masculin. L’alternative étant, d’autres femmes perpétuant des valeurs toxiques basées sur des opinions sexistes et misogynes, de ce que doit être la femme dans les yeux d’un homme. On est soit la femme nourricière qui tient bien son ménage ou la Jézabel, la rebelle qui n’arrive jamais à rien parce qu’elle fait peur aux autres. Parfois, notre plus grand accomplissement se mesure au nombre d’hommes que notre beau visage peut attirer. Même si il nous est aussi interdit de déclarer nos sentiments au risque d’être prises pour des femmes facile. Notre corps ne nous appartient pas, notre sexualité encore moins.
Femme, Je suis…
En grandissant, j’avais toujours eu cet esprit rebelle. Je rêvais de liberté, d’indépendance. Parce qu’en vrai je me sentais capable de faire tout ce que les garçons de mon âge pouvaient faire, en termes de travail. Mes parents n’ont jamais eu de problème avec cela. Ils m’ont d’ailleurs encouragé à chaque fois de poursuivre mes rêves. Ce qui me donnait assez de confiance pour assumer mes choix. Mais peu après comme tout autre humain, mon côté sentimental a commencé à se développer. Tu sais, le besoin d’avoir une personne à ses côtés. Sauf que mes sentiments ne se sont jamais dirigés vers les garçons, mais plutôt les filles.
J’ai commencé à me poser plusieurs questions, bien évidemment. Déjà comment mes parents allaient le prendre. Ma plus grande peur était que l’entourage commence à leur jeter la faute dessus. A leur dire qu’à force de me donner plus de liberté, ils avaient créé la personne que j’étais en train de devenir. Je ne voulais en aucun cas les décevoir. Je me suis mis donc à continuer ma vie. Je savais très bien que j’étais différente et que ma sexualité n’était pas la seule chose qui me définissait. Que j’étais bien plus que mes préférences, que j’avais d’autres choses à offrir. L’envie de prouver que j’étais mieux m’a plus protégé et protégé les miens.
On te respecte pour ce que tu as, non pas pour ce que tu es
Cette réalité, je l’avais très bien comprise. Parce qu’être une femme, c’est savoir aussi bien définir tous les mécanismes de défense pour s’en sortir. Alors, j’ai continué mes études, j’ai continué à m’impliquer dans l’activisme pour le droit de la femme à l’autonomisation et après mes études, toutes mes preuves m’ont valu un très bon travail au sein d’une ONG. Mes parents étaient les plus fiers de ce monde et moi, j’étais la femme la plus épanouie. L’entourage m’a un petit peu laissé tranquille parce que je peux m’offrir une vie que la moitié d’entre-eux n’envisage même pas.
Ma sexualité, bien-sûr que je continue à fréquenter des femmes. Je suis lesbienne, je ne me cache pas. Je ne juge point celles qui n’ont pas encore le courage d’être qui elles sont et qui choisissent de se cacher, de vivre dans l’ombre de cette société. Mais, c’est plus fatiguant qu’apaisant et moi, je veux pouvoir dormir en paix la nuit. Ma famille, mes amis, je n’ai dit à personne mes préférences, ils le savent d’eux même je pense. Pourquoi aurais-je besoin d’aller crier partout ma sexualité? Au fond, ce n’est que moi que ça regarde et personne d’autre. Je suis assez fière d’être qui je suis.