‘’ Même au nom de l’amour, des personnes de mauvaise foi peuvent prendre avantage de la vulnérabilité à la loi pour faire le pire des choses […] le chantage est un comportement aussi vieux que le temps […] Il est important que les personnes LGBT sachent que, même au sein de leurs cercles sociaux, des personnes malintentionnées existent. ‘’ Commente Sonia*, activiste lesbienne
Internet est, aujourd’hui, une révolution dans beaucoup de domaines y compris dans la vie sentimentale et sexuelle des personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelles et Transgenres (LGBT). Au Burundi, dans le contexte légal qui criminalise les relations sexuelles entre personnes de même sexe, Internet sert d’alternative pour ces personnes afin de s’informer, questionner, définir et redéfinir mais aussi s’exprimer et exister comme ils/elles le souhaitent. Des réseaux sociaux aux applications de rencontre, se faire des ami(e)s voir même vivre des instants amoureux n’a jamais été aussi facile. Néanmoins, dans un Bujumbura qui connait de plus en plus de cas de chantages en ligne et physique, il est important d’avoir un rappel sur le contexte local et comment s’y prendre pour continuer à mieux y vivre.
En vérité, TOUT peut vous accusez !
Dans sa loi de 2009, le Burundi criminalise les relations sexuelles entre personnes de même sexe d’une servitude pénale de trois mois à deux ans et d’une amende de cinquante mille à cent mille francs burundais ou d’une de ces peines seulement. ‘’Légalement parlant, cette loi n’est applicable qu’en cas de fragrance de délit, c’est-à-dire, une arrestation en plein acte et/ou plutôt avec des preuves évidentes d’acte(s) sexuel(s)’’ commente Aimé*, Juriste et bisexuel. En effet, en tant que citoyen Burundais, ‘’La loi sur l’homosexualité’’ ne mentionne nulle part qu’il est interdit à personne d’exister comme il/elle est. Néanmoins, il serait tout faux d’assumer qu’elle ne sert à rien car malheureusement, par simple analyse, elle est souvent une base de justification pour les discriminations et le stigma vécu par les personnes LGBT et va même à soutenir l’homophobie sociétale dans toutes ses diverses formes (rejets familiaux, renvois scolaire, chantages, violences psychologique et sexuelle, etc.). ‘’ S’il y aurait lieu d’accuser n’importe qui pour en venir à l’homosexualité ; En vérité, TOUT peut vous accusez… Prenez, par exemple, avec – l’atteinte aux bonnes mœurs, dans le code pénale – combien les personnes transgenres sont vulnérables face à cela ?’’ Commente toujours Aimé.
Ainsi, physiquement ou en ligne, il faut comprendre que tout ce qui est dit, assumé ouvertement et surtout envoyé, reçu et gardé comme medias (photos, vidéos, audio) peut constituer des preuves additionnelles pour incriminer le plus innocent des coupables.
Burundi : les gays et compagnie, au bûcher, dites-vous ?
Au Cameroun, En mars 2011, l’étudiant en philosophie Roger Jean-Claude Mbédé avait été interpellé après avoir envoyé un SMS à un autre homme. « Je suis amoureux de toi », écrivait-il tout simplement. Arrêté sans mandat d’arrêt et sans infraction caractérisée, les gendarmes l’avaient roué de coups lors de son audition, selon le témoignage qu’il avait confié à Human Rights Watch. « Celui qui m’interrogeait […] a appelé son collègue pour me passer à tabac. Il m’a donné un premier coup dans la bouche. Puis un autre, et encore un autre, et il a déchiré ma chemise. Ils ont jeté mes chaussures. Lorsque j’ai été amené [au bureau du procureur], j’étais pieds nus, comme un bandit… Roger Jean-Claude Mbédé décéda le 10 Janvier 2014 (Lire toute la conversation avec son avocate ici)
Le chantage n’est pas né d’aujourd’hui !
Cette action d’extorquer à quelqu’un de l’argent ou un avantage sous la menace d’une révélation compromettante n’est pas un nouveau jeu. Pour les personnes LGBT, c’est encore pire car l’emprisonnement reste un fait malheureux qui peut arriver si accuser d’homosexualité. Le coming-out, non sollicité, reste aussi une menace qui peut bouleverser la vie d’une personne à jamais. ‘’ Des personnes de mauvaises fois peuvent prendre avantage de la vulnérabilité à la loi pour faire le pire des choses même au nom de l’amour […] le chantage est un comportement aussi vieux que le temps […] Il est important que les personnes LGBT sachent que, même au sein de leurs cercles sociaux, des personnes malintentionnées existent. ‘’ Commente Sonia*, activiste lesbienne
Quelques solutions pour faire face aux chantages en ligne et physique !
- Personnellement, connaitre et comprendre les dynamiques qui influent sur votre vie sociale, en tant que LGBT et vous comportez en conséquence. En tant qu’une personne évoluant dans un cadre social, qu’importe votre orientation sexuelle et/ou identité de genre, criminalisée ou légale ; Il est important de connaitre et comprendre les dynamiques qui influent sur votre vie (la famille, le travail, le relationnel, objectifs du future, etc.). Ces dynamiques peuvent constituer des points de force pour votre développement mais aussi une exposition à divers danger (Emprisonnement, chantages, escroqueries, etc.). Ainsi, il est nécessaire à considérer les informations que vous partagez avec votre entourage et SURTOUT les gens que vous rencontrez. Souvent, les informations et les comportements que vous manifestez peuvent être la source première de ces dangers.
- Le coming-Out est votre ami ! Loin du ‘’Vivre caché pour vivre heureux’’, pour les LGBT, les chantages sont parfois basées sur des assomptions qu’ils/elles ont ‘’Un lourd secret’’ à cacher. Donc, pour certaines personnes, c’est une bonne opportunité pour leur faire la misère. Or l’envers du décor existe car il est possible de vivre sa vie/sa sexualité sans rien cacher et sans pour autant se mettre en danger. C’est souvent une question d’être authentique avec soi-même mais aussi avec son entourage. Néanmoins, dans les conditions locales où l’homophobie est prédominante, il est important de savoir que faire le coming-out peut entrainer un ensemble de situations néfastes comme le rejet par sa propre famille, ses amis mais aussi le licenciement au travail voir même de la violence physique et psychologique. Il est aussi nécessaire de comprendre que le coming-out reste une décision personnelle et que pour mieux le faire, ça demande souvent une bonne stabilité émotionnelle (savoir gérer ses propres émotions/sentiments, anticiper et gérer celles des autres). Il est nécessaire de réfléchir deux fois avant de le faire !
- Face à une situation de chantage, parlez de votre problème à un proche en qui vous avez confiance. En effet, il est plus intéressant d’avoir une personne tierce qui peut vous aider à gérer la situation pendant que vous travaillez à gérer vos ressentiments. Envoyez-nous un message si vous avez un besoin de partager