Dans les quotidiens des familles et des rues de Bujumbura, les personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s et Transgenres expérimentent différentes situations. Souvent celle-ci restent caractérisé par des discriminations et des violences verbales et physique. Si le viol sexuel reste majoritairement assumer comme arrivant uniquement aux femmes cisgenres, nombreuses personnes LGBT se trouvent dans ces situations et malheureusement dans la plupart des cas, ces histoires passent sous silence. Les victimes ont peur de s’exprimer, peur de dénoncer leurs bourreaux parce qu’ils sont de la famille ou peut-être parce qu’ils ont un certain pouvoir sur les victimes. Dans une conversation, avec des femmes transgenres, une jeune femme a voulu briser le silence. Elle a acceptée de nous livrer ce qu’elle a vécue, dans l’espoir que son témoignage aidera d’autres qui vivent des situations pareilles à vaincre leur peur, à briser le silence et à dénoncer ces cas d’abus et de viols.
Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas, qui êtes-vous ?
Je m’appelle Maxime*, je suis une jeune femme transgenre, j’ai 25 ans, je suis burundaise et je vis à Bujumbura.
Que vous est-il arrivée?
La première fois que je me suis fait violée j’avais 7 ans. Quand j’étais enfant, mes parents n’étaient pas souvent à la maison à cause de leur travail, alors ils me laissaient sous la surveillance de mon cousin plus âgé qui vivait à cette époque à la maison.
La première fois que c’est arrivé, on était tout seul à la maison comme d’habitude et il m’a demandé de le suivre dans la chambre. Il a fermé la porte derrière lui. Une fois seul dans la chambre, il a commencé à me déshabiller, à me toucher et puis m’a violé. Il m’a dit de ne jamais parler de ce qui c’était passé.
A cet âge là, je ne comprenais pas vraiment ce que cela voulait dire et je n’ai rien dit à personne. J’ai mis ce qui c’était passé dans un petit coin de ma conscience sans trop y penser. C’était mon cousin et je le considérais presque comme un grand frère. Dans ma tête d’enfant je ne pouvais pas m’imaginer qu’il pourrait me faire du mal. Malheureusement, vue que j’en parlais pas à mes parents, la même chose s’est répétée plus d’une fois.
En grandissant et en y repensant je me suis petit à petit rendue compte que mon cousin abusait de moi. A cette époque, il avait, sans que je le sache, volé une partie de moi et de mon enfance. Ce qu’il m’avait fait est resté ancré en moi.
Je vois toujours mon cousin (qui est aujourd’hui marié avec des enfants) dans les fêtes de famille et chaque fois que je le revois des souvenirs amers de ce qu’il m’a fait me reviennent.
Tu as dit la « Première fois » ?
Oui car ce n’est pas la seule fois où je me suis fait violée. Une nuit de l’année 2017, je rentrais chez moi après avoir passé la journée chez des amis qui habitaient un quartier de Bujumbura appelé » le quartier asiatique ». Je marchais seul dans la rue et à un moment j’ai remarquée quelqu’un qui marchait derrière moi, mais je me suis tout de suite méfier, je pensais que c’était un simple passant. Je continuais à marcher comme si de rien n’était. Quelques minutes après, j’ai sentie une main qui m’a tiré brusquement par l’arrière de ma chemise et m’a traînée un peu plus loin de la route, vers un endroit où il n’y avait personne. J’essayais de me libérer de son emprise avec toutes mes forces sans pour autant y arriver car il était plus fort que moi.
A ce moment là, mon sang s’est glacé, pleines de choses me passaient par là tête et surtout je pensais qu’il allait me tuer ou me voler. Quand il s’est arrêté de marcher, j’ai implorée à genoux son pardon pour qu’il ne me fasse pas du mal. Je lui ai proposée tout ce que j’avais sur moi pour qu’il me laisse m’en aller et c’est là qu’il m’a dit qu’il me suivait depuis quelques temps et qu’il avait remarqué ma démarche féminine. Il m’a demandée de me déshabiller et de faire tout ce qu’il me demandait, si non il allait me tuer. C’est là que j’ai comprise ce qui allait m’arriver. Je regardais à gauche et à droite, je cherchais du regard une personne qui passerait peut être par là à ce moment et qui me sauverait de ce cauchemar mais il n’y avait personne autour.
J’ai finalement acceptée d’obéir par peur qu’il me fasse du mal. Je me suis déshabillée et je l’ai laissé me faire ce qu’il avait en tête. Il m’a brutalement violé, est venu en moi et après avoir fini ce qu’il avait à faire, il m’a laissée là et il est vite reparti comme si de rien n’était.
Je me suis relevée, rhabillée, j’étais toute déboussolée, perdue et je ne comprenais pas vraiment ce qui venait de m’arriver. J’ai repris la route vers la maison. Le jour suivant, je ne sais pas d’où m’est venu le courage mais j’avais sentie qu’il fallait que je fasse quelque chose. Je me suis levée et je suis allée vers un centre de santé où j’ai racontée mon histoire à un médecin. Ils m’ont aidé, ils m’ont fait faire un dépistage et m’ont prescrit des médicaments à prendre.
Pourquoi n’avoir jamais dénoncé ces viols?
J’avais peur, peur que les gens n’allaient pas me croire. Peur qu’au final la situation se retourne contre moi parce que je suis efféminé. J’ai pensé que se taire était la meilleure des solutions pour moi.
Et la famille, as-tu pu en parler avec ta famille? T’ont-ils aidé?
Ce qu’il faut savoir ici c’est que ma famille n’a jamais pu accepter ce que je suis, malheureusement. Je suis sûr que si j’en parlais, ils trouveraient un moyen de me rendre coupable de ce qui m’est arrivé
Pourquoi le dire maintenant?
Je pense que ce témoignage peut aider quelqu’un. Je sais qu’aujourd’hui il y a des personnes qui se font violer comme moi je l’ai été. J’aimerais les encourager. Surtout les encourager à s’approcher des structures de soins de santé pour qu’elles les aident à recevoir les soins nécessaire qui peuvent les aider à se prévenir contre certaines infections et contre le VIH. Moi ça m’a beaucoup aidé.
Merci Beaucoup
C’est moi qui vous remercie.
*Nom d’emprunt